Les chroniques de Bertrand Dicale
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1917

Chanson de Craonne

Artiste(s) : Maxime Le Forestier

Diffusé sur France Info le 26 juillet 2010

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Le cri des mutins

Sur une chanson à succès sentimentale, des paroliers anonymes ont écrit, au cœur de la boucherie, le plus désespéré des hymnes pacifistes.

Pistes pédagogiques

Place dans les programmes

Histoire

Collège - niveau 3e
IIe partie du programme (« Guerres mondiales et régimes totalitaires, 1914-1945 »), Thème n°1 : « La Première Guerre mondiale : vers une guerre totale (1914-1918) ».

Lycée
Niveau 1ère ES et L :
Thème n°2 : « La guerre au XXe siècle ». Question sur les « Guerres mondiales et espoirs de paix ».

Niveau 1ère S :
Thème n°2 : « La guerre et les régimes totalitaires au XXe siècle ». Question sur « La Première Guerre mondiale ».

Notions

Première guerre mondiale, poilus, moral des troupes, patriotisme, expérience combattante, guerre des tranchées, guerre de position, guerre d’usure, mutinerie, patriotisme, pacifisme, propagande, Verdun, guerre totale.

Détails sur les morceaux
TitreCompositeurAuteurMinutageLabel et référence
La Chanson de Craonne Charles Sablon trad. 0’30 Universal Projets Spéciaux 980 753-0
Bonsoir m’amour Charles Sablon Raoul Charles Le Peltier 0’34 Forlane 19212
La Chanson de Craonne Charles Sablon trad. 4’09 ad lib EPM 983202

Commentaires (3)
  • La chanson de Craonne est également porteuse d’une contestation sociale qui traduit la montée des idées communistes à cette époque. Cette critique sociale explique aussi largement que son message pacifiste, la censure dont le texte a été victime . Il me semble important de ne pas l’occulter.

    • La Chanson de Craonne n’est pas née en 1917 et elle n’a pas grand-chose à voir avec le mouvement communiste.

      Dès 1915 apparaît La Chanson de Lorette sur la même mélodie (le succès sentimental Bonsoir m’amour) et avec le même refrain, à quelques mots près. Le premier couplet d’une des premières versions saisies par la police dans le courrier de soldats dit notamment :

      Tous nos officiers sont dans leurs abris
      En train de faire des chichis,
      Et ils s’en foutent pas mal si en avant d’eux
      Il y a de pauvres malheureux.
      Tous ces messieurs-là encaissent le pognon
      Et nous pauvres troufions
      Nous n’avons que cinq ronds

      La sensibilité est d’ailleurs plutôt anarchisante que proprement communiste. Le ton est le même que dans les publications anarchistes d’avant-guerre… qui ont toutes disparu ou tourné casaque (La Guerre sociale de Gustave Hervé appelle à l’Union sacrée contre l’Allemagne et l’Autriche et devient La Victoire, Les Temps nouveaux se sabordent en affirmant la mise entre parenthèses du combat libertaire pour la durée de la guerre…). Cela n’empêche pas cette sensibilité de continuer à exister dans le secret des consciences – et même des consciences sous l’uniforme.

      Il est vrai que la première publication de La Chanson de Craonne a été faite en 1920 par un écrivain communiste, Paul Vaillant-Couturier, qui participera à une certaine réécriture des événements de 1917. Car la version pour ainsi dire « canonique » du texte tel qu’il est entendu dans cette chronique n’est qu’une des multiples versions d’une chanson qui, dans le fond, reste d’un « pacifisme » un peu ambigu (elle ne dit pas que la guerre doit s’arrêter, mais que les riches doivent la faire aussi). Il existe même une version qui accuse les généraux envoyant les soldats au casse-pipe d’être des agents de l’Allemagne !

      La censure de La Chanson de Craonne sera aussi – et sans doute pour ces raisons-là – pratiquée par le mouvement communiste lui-même, qui va lui préférer à partir de 1923 un autre hymne (inspiré aussi, d’ailleurs, par la bataille de Lorette), La Butte rouge, écrit par Gaston Montéhus. Cet homme fut d’abord un antimilitariste ouvertement anarchiste (on lui doit Gloire au XVIIe, La Jeune Garde, La Grève des ventres…) avant d’obtenir la Croix de guerre pour avoir chanté le drapeau entre 14 et 18… et de redevenir pacifiste et « rouge » après le 11 novembre.

      Et si vous me permettez une dernière remarque historique, la chanson des années 1890-1914 est d’une violence sociale beaucoup plus féroce que tout ce qui s’écrira ensuite. En ce sens, La Chanson de Craonne est beaucoup plus une survivance d’un genre en déclin que l’annonce de temps politiques nouveaux. Et, de toute façon, cette chanson préexiste – et de loin ! – à la révolution bolchévique.

  • Vous citez dans la réponse au premier commentaire la chanson « la grève des ventres » de Montehus. Ne serait-ce pas plutôt « La grève des mères » ?

    • Bonjour,

      Voici la réponse de Bertrand Dicale :

      Oui, c’est la même chanson. « La Grève des mères » a circulé aussi sous le titre de « La Grève des ventres » et c’est d’ailleurs ainsi que je l’ai moi-même connue, dans un recueil très à gauche de chansons féministes édité dans les années 70.
      On trouvera ainsi des chansons de Montéhus ayant des vies parallèles, parfois même corrigées pour leur usage par certains mouvements politiques ou sociaux. Il aimait lui-même que ses chansons aient cette destinée, une fois qu’il les avait « lancées dans le peuple ».

  • Professeur d’Histoire à la retraite, et ayant modestement contribué à « Convergences », du temps où l’informatique n’était pas développée, je propose de donner un gros recueil de chansons populaires du début du XXème ( recueil découvert cet été dans un grenier ) : ces chansons concernent les inondations de Paris, ou l’assassinat de Calmette, ou l’esprit revanchard d’avant guerre, etc . Il contient textes, partitions et illustrations et pourrait être utilisé avec profit dans votre projet pédagogique en classe de 3ème comme en classe de 1ère, pour montrer le climat d’avant 14 . Je me permets d’utiliser votre espace de complément à une chronique, ne sachant à qui d’autre m’adresser pour donner ce recueil ; veuillez m’en excuser et accepter d’avance mes remerciements .

    • Bonjour,
      Merci pour cette proposition que j’ai transmise à Bertrand Dicale. Il est intéressé et va vous contacter directement. L’ouvrage sera en de bonnes mains et dans un second temps nous pourrons voir avec des enseignants (musique, hg, edd) qu’en faire pédagogiquement.